Entretien exclusif avec Vincent Bezombes qui gère aujourd’hui la section féminine du football. A travers cet entretien, nous allons tenter de découvrir son quotidien.
Nous commençons cet entretien par une présentation.
Je m’appelle Vincent Bezombes et je suis éducateur des catégories U15, U18 et responsable de la Section Féminine du Pays d’Aix Football Club. J’ai à mes côtés Delphine Madrid qui gère administrativement la Section Féminine et joue le rôle de Dirigeante.
Plus jeune, j’ai été joueur de football et plus particulièrement gardien de but dans une équipe de la banlieue parisienne en CFA. Après, je suis arrivé en tant qu’éducateur un peu par hasard sans rien vous cacher parce que ma fille joue dans l’équipe.
Il y a une saison et demi, il était question de fermer la section féminine s’il n’y avait pas d’éducateur pour reprendre la section. Je me suis donc tout naturellement proposé parce que je connaissais les filles. Je connaissais aussi bien les parents et j’appréciais l’ambiance qui était au sein du groupe. Je n’ai pas voulu laisser tomber les filles et plus particulièrement ma fille, c’est pourquoi j’ai décidé de reprendre la section.
- As-tu déjà entrainé auparavant ou est-ce ta première expérience ?
C’est ma première expérience en tant qu’entraineur. J’avais eu l’occasion par le passé, quand j’étais jeune licencié, de donner un coup de main au sein du club où j’évoluais, mais jamais je n’ai eu la chance d’avoir une équipe et a fortiori, une section à gérer tout seul.
Donc je suis éducateur depuis une saison et demi, j’ai appris sur le tas pour être honnête… J’ai eu la chance de côtoyer plusieurs entraineurs/éducateurs, cela m’a permis de rependre l’équipe en main assez rapidement. Il y a une bonne ambiance dans le club, ce qui a facilité la décision quant au fait de reprendre la section.
Je suis en train de passer mes diplômes d’entraineur (CFF1-3) et je vais essayer, dans un second temps, d’obtenir mes diplômes de Préparateur Physique afin de compléter mes connaissances et surtout mes compétences de coach.
- Alors, pourquoi les féminines ?
Tout simplement parce que ma fille évoluait au sein du club. Sans ma fille, je ne pense pas que j’aurais eu ce rôle aujourd’hui. Cette passion lui est venue après l’euro 2016…on va dire que c’est l’effet « Griezmann » qui l’a poussé à pratiquer ce sport. Donc, on a commencé à chercher un club (lors du Salon des Sports à Aix) avec une section féminine et c’est tout naturellement qu’on s’est tourné vers un club qui me semblait à la fois sérieux et familial qu’est le Pays d’Aix FC. Ce n’était vraiment pas un choix par défaut et il s’avère qu’on a fait un très bon choix vu qu’on est encore là aujourd’hui!
- Quel est ton objectif aujourd’hui en tant qu’Educateur ?
On est vraiment dans l’objectif de reconstruire quelque chose, lorsqu’on sait que le PAFC a eu dans le passé des équipes féminines U15, U18, séniors. On a fait le choix avec l’équipe encadrante et le Président du club de se recentrer sur la formation comme ce qui se fait aujourd’hui chez les garçons.
La saison dernière, on avait uniquement une équipe U15 et on voulait se servir de cette génération pour reconstruire et remonter des équipes au fur et à mesure. Notre but est de s’inscrire dans la durée avec un vrai projet de formation. On ne veut absolument pas brûler les étapes et cela prendra le temps qu’il faudra, mais l’essentiel c’est de s’inscrire dans quelque chose de durable et de qualitatif pour que chacun y trouve du plaisir, que ce soit les filles par le biais de la compétition, les parents par l’épanouissement de leurs enfants et du club avec une structure féminine compétitive.
Cette année notre équipe 1 U15 joue le haut du tableau et vient rivaliser avec le FC Rousset qui est la référence aujourd’hui dans la région pour les catégories féminines. Quant à notre équipe 2 U15, le but est tout autre. On est dans l’apprentissage des bases du football car le groupe est composé de beaucoup de filles qui découvrent la pratique : on a ce souhait de les accompagner dans leur progression que ce soit à l’entrainement ou en match.
Ce qui m’importe aujourd’hui dans les catégories filles c’est vraiment l’état d’esprit : je préfère avoir des joueuses un peu moins fortes « footballistiquement » parlant mais qui vont s’inscrivent dans la dynamique de l’équipe et surtout au sein du club.
- Tu as développé l’école de foot féminine, peux-tu nous en dire plus ?
L’objectif du club, comme je l’ai déjà dit, est de s’inscrire sur la durée, d’offrir aux joueuses la possibilité de venir jouer quelque soit leur âge.
On a voulu mettre en place cette catégorie afin de mettre en avant l’offre du club destinée à attirer des joueuses qui ont entre 5 et 12 ans. Cette école, nous l’avons mise en place cette année. Aujourd’hui nous avons une séance d’1h30 tous les mercredis après-midi. Il faut noter qu’à chaque séance, une joueuse de la catégorie U15 ou U18 vient faire découvrir le sport à des joueuses novices.
L’objectif dans ces catégories est bien sûr de prendre du plaisir, de s’amuser à 100% sans aucune obligation de résultat. Le but est de donner du plaisir et qu’elles aient hâte de revenir le mercredi d’après. Je pense que de cette manière nous pouvons faire progresser ces jeunes joueuses petit à petit afin qu’elles puissent intégrer les équipes supérieures quand elles en auront l’âge.
- Quelles sont les qualités requises pour entrainer une section débutante, selon toi ?
La relation qu’on peut avoir avec les filles est très différente de celle qu’on a avec les garçons. C’est vrai qu’aujourd’hui chez les filles, il faut un peu plus de patience et de diplomatie, par contre elles sont très attentives et il y a un retour incroyable avec elles. C’est vrai que moi, personnellement, dans les séances, j’alterne entre la casquette de coach et celle de « papa » et c’est magique parce qu’on peut tout de suite savoir ce qui leur aura plu lors de la séance ou au contraire déplu. Cet aspect m’ aide beaucoup dans la préparation des séances.
- Quel impact a eu le foot sur la vie quotidienne de ta fille, Emma ?
Depuis qu’elle fait du foot, on sent vraiment beaucoup plus d’assurance chez elle. Ce qui est important pour moi aussi, c’est la vie de groupe et au travers de la vie du groupe, c’est-à- dire les entrainements, les matchs, les défaites, les victoires, les filles vont créer des liens entre elles. D’une manière générale, et je le vois à travers certaines filles depuis que j’ai reprises, c’est que ce loisir leur confère plus d’assurance, plus de sourires. Les plus timides, on sent qu’elles se relâchent davantage lors de l’entrainement. C’est une vraie récompense pour moi de les voir s’épanouir à travers les exercices et le travail que le club met en place depuis la restructuration de la section.
- Dernière question : JOUER OU ENTRAINER ?
(Rires).
Jouer me manque quand même, c’est très frustrant d’être sur le bord du terrain! Mais je pense que j’ai eu l’occasion de me faire plaisir en tant que joueur. Aujourd’hui, je découvre le métier d’éducateur et j’y trouve maintenant un réel plaisir. Je me suis découvert une passion et je n’ai pas envie de changer. Ce qui était un loisir dans un premier temps prend de plus en plus de place dans ma vie, il faut donc faut savoir trouver l’équilibre avec la vie de tous les jours et le travail, mais c’est vrai que c’est une source d’épanouissement pour moi et je me régale à entrainer ces filles.